Avant de débuter la lecture…

Comment l’organisation de la classe peut favoriser l’engagement et l’apprentissage?
Qu’est-ce qu’une classe flexible?
À quoi ça ressemble à la FGA?
Par où commencer?

Des classes pour tous

« Une classe flexible comporte différents espaces utilisant du matériel diversifié qui répond aux multiples besoins des apprenants. »

La classe flexible, une posture d’apprentissage pour tous

Au début du 20e siècle, Maria Montessori mentionnait déjà que les élèves qui passaient de longues heures assis à leur bureau, devenaient agités et perdaient leur concentration. Depuis, plusieurs études ont, entre autres, démontré que le fait de travailler debout, de bouger ou de changer de posture pendant la classe augmentait la capacité d’attention des jeunes et, conséquemment, leurs capacités d’apprentissage. Des ballons de stabilité seraient, par exemple, particulièrement intéressants pour les garçons. 

Ainsi est née l’idée de la classe flexible. Il s’agit d’un concept qui prend de plus en plus d’ampleur dans le paysage éducationnel québécois. Si on la retrouve dans plusieurs milieux, aux niveaux primaire et secondaire, elle constitue aussi une nouvelle réalité dans plusieurs classes de centres de formation générale des adultes.  

Une classe flexible comporte différents espaces utilisant du matériel diversifié qui répond aux multiples besoins des apprenants, ce qui va tout à fait dans le sens des impératifs de la conception universelle de l’apprentissage (CUA) (tableau en référence à la fin). En effet, « la CUA s’inspire de la conception universelle (universal design) mise au point en architecture, qui propose de s’assurer dès la conception qu’un lieu ou un équipement sera accessible à tous » (Cavenaghi et Senécal, 2017). Ce modèle est donc la base du développement de postures d’apprentissage pour s’adapter à l’hétérogénéité des apprenants de la classe. 

La flexibilité au coeur de la CUA

Plusieurs lignes directrices de la CUA soutiennent donc le déploiement des classes flexibles. D’abord, l’aménagement flexible permet à l’enseignant d’offrir divers moyens de représentation pour former des apprenants débrouillards, bien informés et compétents (orientation I). En effet, avec ce type d’aménagement en classe,  les élèves obtiennent diverses possibilités sur le plan de la perception (ligne directrice 1) autant dans la présentation de l’information auditive que visuelle. De plus, les élèves ont également plusieurs moyens d’action et d’expression (orientation II) puisque la classe ainsi diversifiée offre des méthodes d’interaction variées et optimise l’accès aux outils et aux technologies (ligne directrice 4). 

Toutefois, c’est particulièrement dans l’engagement pour former des apprenants motivés et déterminés (orientation III) que la classe flexible joue un rôle marquant. Elle offre diverses possibilités pour éveiller l’intérêt et la persévérance scolaire en optimisant le développement de l’autonomie (ligne directrice 7) et en favorisant la collaboration (ligne directrice 8). Certaines organisations permettent également de développer des stratégies d’autorégulation ainsi que la capacité d’autoévaluation et de réflexion. 

Des exemples concrets

Mais par où commencer? Voici quelques exemples concrets vus, au cours des dernières années, en formation générale des adultes (FGA) au Québec.

Centre de formation du Richelieu, Saint-Bruno-de-Montarville

Classe d’Élyse Brodeur (Mathématiques) 

Au printemps 2018, Élyse Brodeur était déjà dans la réflexion de créer une classe flexible pour ses apprenants. Après de multiples discussions avec ses élèves quant à leurs besoins, sa classe s’est vue modifiée en juin. Ce milieu d’apprentissage est surtout basé sur la volonté d’offrir plusieurs possibilités de positionnement pour les élèves et comporte ainsi différentes stations : au sol, à genoux, assis ou encore debout. Différents types de chaises (bancs oscillants, ballons, chaises, tabourets) sont également disponibles. L’organisation de la classe favorise les regroupements (donc la collaboration) ainsi que l’autorégulation. Puisque les élèves doivent constamment s’adapter et faire des choix quant à leurs apprentissages, ils développent également leur autonomie. Mais c’est particulièrement sur le plan de l’engagement et du sentiment d’appartenance qu’Élyse remarque l’effet bénéfique de la classe flexible sur ses élèves. 

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

Chaque station comporte un exemple de ce qui est attendu comme posture et développement. 

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

Au premier plan, une station pour travailler «à genoux», au fond, une «station au sol». Plusieurs affiches accompagnent chaque espace. 

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

On voit des tables (et non des bureaux) et des chaises, un espace qui offre un accès à la technologie pour les besoins ponctuels ainsi que la «station debout» à l’avant-plan.

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

On remarque le positionnement des tables de travail ainsi que l’espace debout. L’enseignante n’a gardé qu’un espace à l’entrée de la classe avec un bureau et une étagère pour du rangement. 

 

Centre de formation continue des Patriotes, Deux-Montagnes

Classe de Janie Lamoureux (Anglais)

Dans le cadre des différentes compétences à développer dans son cours d’anglais, Janie Lamoureux a aménagé sa classe afin d’offrir des espaces qui favorisent l’apprentissage autant pour l’écriture que l’oral. Chaque station a sa fonction propre et les élèves se déplacent d’un endroit à l’autre selon leurs besoins ou leurs tâches du moment. 

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

On remarque la volonté d’offrir des espaces isolés pour la concentration et la recherche/rédaction. Les bureaux sont également regroupés pour du travail collaboratif. L’éclairage est modifié pour favoriser une ambiance calme et chaleureuse. 

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

Dans un coin de la classe, un espace isolé, au sol afin d’établir un niveau différent, offre une meilleure concentration et un positionnement plus confortable pour l’élève qui désire lire un texte ou écouter une piste audio.

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

Certains bureaux offrent la possibilité de travailler individuellement. La table haute, quant à elle, permet un travail debout et collaboratif. Elle est recouverte, en outre, d’une peinture particulière qui permet d’écrire sur la surface avec des crayons à tableau blanc. 

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

À l’opposé du coin lecture, on retrouve le coin discussion qui, séparé par des paravents, offre la possibilité aux élèves d’améliorer leurs capacités communicationnelles à l’oral, que ce soit seul ou en équipe.

 

Centre d’éducation aux adultes de l’Estuaire, Baie-Comeau

ELF (Espace de Laboratoire Flexible) pour l’ensemble des usagers du centre

Afin d’accueillir le Plan d’action numérique dans leur centre, la directrice (Nathalie Lagacé) et plusieurs intervenants (Claudine Jourdain, Stéphane Labrie, Jonathan Lapointe, Steeve Leblanc) ont créé un espace pour déployer les combos numériques. Cet endroit est accessible à l’ensemble des enseignants et des élèves du centre, mais aussi à la communauté. Le ELF de Baie-Comeau comporte différentes stations en lien avec les combos qui offrent une flexibilité dans l’utilisation et l’aménagement. Certes, les moyens d’action et d’expression sont grandement favorisés par l’aménagement diversifié et la technologie présente; toutefois, on sent bien l’engagement des utilisateurs  dans leur degré d’autonomie, leurs choix, leur persévérance et leur réflexion.

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

Avec son espace vaste et sa grande luminosité, le ELF de Baie-Comeau est invitant et inspirant. On y voit une station favorisant l’interaction et la réflexion sur les apprentissages (à l’avant-plan), une table de travail (au centre) et différentes stations concernant les combos numériques (flotte d’appareils, robotique, laboratoire créatif) (au fond). Des espaces vides pour le travail au sol (avec les robots, entre autres) sont aussi disponibles. 

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

Un espace de création avec écran vert et table de travail permet différents moyens de représentations et d’expression d’un projet. 

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

Des espaces de rangement et des tables de travail pour la robotique sont disponibles ainsi qu’un espace ouvert pour travailler au sol juste à côté. 

 

Photo : Marie-Ève Ste-Croix

De grands espaces pour la réalité virtuelle sont aménagés (au fond) et une table haute (confectionnée maison) permet le travail debout. 

 

La flexibilité à la FGA

Grâce à ces différents exemples, on remarque qu’une classe flexible permet à l’enseignant d’offrir plus de contrôle, d’autonomie et de choix d’activités d’apprentissage à ses élèves. Ces derniers développent alors davantage de compétences comme la résolution de problèmes, la pensée critique, la collaboration et la créativité, autant d’acquis qui leur serviront tout au long de leur vie.

Donner à l’apprenant une voix et un choix, c’est ainsi que tous les apprenants pourront s’approprier leur apprentissage, progresser vers leur réussite et cesser d’avoir honte de la façon dont ils apprennent. (Traduction libre, McClaskey et McKay, 2017)

 

Nous remercions le Centre de recherche pour l’inclusion scolaire et professionnelle des étudiants en situation de handicap (CRISPESH) qui nous a permis de reprendre textuellement la traduction du tableau

 

Ressources créées par :

Remerciements particuliers :

  • Aux enseignantes Élyse Brodeur et Janie Lamoureux
  • Au centre d’éducation des adultes de Baie-Comeau

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